Deux soeurs sous un toit

Le temps est une notion toute particulière quand on se retrouve hors de ses habitudes. Il y a quelques années, la vie de Thalia était pour ainsi dire réglée comme une pendule. Tout était calculé, minuté, une vie sans surprise ou presque, il restait toujours de la place pour l’inattendu, de toute façon, il finit toujours par montrer le bout de son nez quoi qu’on fasse alors, autant l’attendre avec des croissants et un café chaud plutôt qu’être prise à l’improviste. Cependant voilà, depuis son arrivée sur l’Argos, il y a maintenant pas mal d’année, elle avait tout chamboulé. Elle prenait un peu plus de temps libre, son travail n’ayant plus vraiment de raison d’être. Elle devenait la jeune file sociable et terriblement attachante qu’on pouvait connaître si on l’avait vu il y a bien longtemps, alors qu’elle sortait avec le mec plutôt mignon du coin. Elle se retrouvait même à se lier d’amitié avec la gente masculine, c’est pour dire. Mais ce n’est pas de ce temps là dont il est question actuellement. Le temps ne semblait plus passer de la même manière depuis que son père était mort, depuis que l’Argos s’était arrêté à mi-chemin de sa destination, depuis qu’il était autour de cette planète, depuis que les infectés avait vu le jour. La vie ne lui semblait plus la même. C’est sur que à l’époque déjà, elle savait que ce voyage allait changer bien des choses, mais elle ne l’imaginait pas de cette manière. Et c’était assez dur, malgré les apparences, pour elle de le gérer.

Elle était là, dans son laboratoire. Pour travailler. Non, pas vraiment, elle pianotait sur son clavier certes, mais elle ne faisait rien de bien intéressant, juste regarder des dossiers qui défilaient, les replacer dans le bon dossier, puis réorganiser une fois de plus. C’était comme ça qu’elle passait le temps quand elle ne savait pas trop quoi faire… ou quand elle ne voulait pas faire grand-chose, une façon de montrer qu’on travaille alors que non. Elle était trop fière pour dire que toute cette histoire la touchait profondément. Bien sûr, être fière n’implique pas forcément qu’on sait le cacher, aussi, peu de gens était dupe et la pensait en pleine forme. Bien sûr, elle aimait son rôle sur l’Argos, partir explorer la planète, découvrir de nouvelles espèces, et bien d’autre chose encore. Mais comme tout être humain, elle avait ses jours avec et ses jours sans. Et devinez quoi, aujourd’hui, c’était plutôt un jour sans. Son père lui manquait. Il n’avait pas toujours été le meilleurs des pères, plus par maladresse que par méchanceté, mais elle l’aimait plus que tout au monde. Cet homme, fort et fière, qui ne pouvait que fondre pour la frimousse blonde de Thalia quand elle était gamine, et légèrement capricieuse. Et oui, à cet âge là, quand on a un papa qui veut toujours faire plaisir, on en profite. C’était la bonne époque.

Elle restait là, assise sur une chaise à roulette devant un des ordinateurs du laboratoire où elle se trouvait. La technologie ARI lui présentait devant elle une surface plane qui lançait des hologrammes devant elle. Elle pouvait les manipuler avec ses petites mimines mais elle préférait encore se servir du clavier, une question d’habitude des ordinateurs anciens modèle de son école. Et oui, la technologie avait un prix et c’était assez rare, à l’époque, que les établissements diverses s’offrait cette technologie. Du coup, l’Argos avait des ordinateur hybride, entre le système ARI et le système traditionnel. Thalia essayait cependant de se mettre à la manipulation dans l’espace, mais ça reste pour le moment fort fort rare de la voir travailler de la sorte. Un peu conservatrice dans l’âme ? C’est possible en effet. Au centre du laboratoire, on y trouvait une table, toujours avec la technologie ARI incrustée dedans. Maintenant, plus besoin de rentrer les données dans l’ordinateur, on pose sur la table et c’est lui qui fait tout le boulot. Thalia se releva et s’approcha d’une plante qu’elle avait rapportée de la planète. Elle ne lui avait pas encore trouvé de nom mais une chose était sûre, le parfum qu’elle dégageait était divin. Thalia se pencha et pris une profonde inspiration pour se délecter de son parfum. L’air de rien, ça lui permettait de se changer un peu les idées. Et puis, elle tombait à court d’innovation dans le classement de ses fichiers alors autant prétendre qu’elle faisait une pause pendant son boulot.

Perdue dans l'espace, perdue dans ses pensées, finalement peu de différences entre sa vie de maintenant et sa vie sur terre. Camille a toujours été une rêveuse et même si elle a du quitter la terre relativement jeune, elle continue à peindre se monde qui l'a vu naitre et qui lui, probablement en tous cas, a disparu.

Pourtant elle avait une nouvelle passion, un nouveau hobbies, en fin de compte une nouvelle manière de rendre son travail utile. Le monde de Thalos était riche, extrêmement riche, merveilleux pour qui avait le soucis de le regarder autrement que comme il était. La faune, la flore tout était sujet à de nouvelles créations, peinture, sculpture, gravure et qui sait peut être bien d'autres choses plus tard.

Camille venait de finir sa statut de Bulette, qu'elle taillait depuis un mois dans un bloc de simili marbre. Accoudée à son établi, elle buvait une tasse de café. Le café était son vis, il l'aidait à se détendre, à force de temps et de consommation, il était devenu un élément indispensable pour que son esprit se sente reposé. La dernière goutte tomba négligemment sur sa lèvre inférieure, la tasse vide fut reposée sur le plan de travail en bois. Vite, que faire, ne pas rester inactive.

La Bulette qu'elle venait de créer était une libre interprétation d'une photo prise par sa sœur. La technologie ARI, c'est sympa, pour communiquer ou se transmettre des information. La vision en 3D de Camille n'avait pas eu de mal à s'adapter à se nouveau mode de fonctionnement. Elle avait l'habitude de traiter des volumes hors de leurs champs conventionnels.

Mais pas aujourd'hui, elle avait besoin de contact humain. Elle vivait certes recluse, mais sa sœur était tout ce qu'il lui restait et elle l'aimait. Camille ferma la porte de son atelier et se dirigea vers le laboratoire. Elles avaient installé leurs endroits le plus près possible l'un de l'autre, c'était dur de se croiser sinon.

- TOC! TOC! -

[HS : La loose, j'avais pas vu que tu avais répondu xD]

Thalia sursauta en entendant le bruit de la porte. On venait de donner deux coups dedans, pas des coups de colère à vous défoncer la porte, non, de simples petits coups qui indique simplement que de l'autre côté de la porte, il y a quelqu'un qui désire entrer et qui, comme toute personne civilisée, frappe avant de passer à l'acte, en attendant la réponse de son interlocutrice. On peut dire ce que l'on veut, certain à bord du vaisseau n'avait pas cette délicatesse et entrait sans rien demander. Parmi les Arkanges notamment, sous prétexte qu'ils étaient militaire et donc, ne pouvait se permettre d'attendre une autorisation de la part de quelqu'un qui n'est pas son supérieur. Bref, nous nous éloignons du sujet. Ces petits coups, totalement anodins, ne devrait pas réellement faire l'effet de surprise lorsqu'ils sont produits. Mais quand on s'appelle Thalia Ellis, qu'on a la tête plongée dans une plante, on perd un peut notion de la réalité. Encore heureux qu'elle n'était pas perdue dans une forêt virtuelle de l'ARI. D'ailleurs, ce petit gadget de la technologie n'avait pas vraiment d'intérêt à ses yeux. Pour elle, le seul endroit qu'elle pourrait demander comme environnement, c'était un laboratoire… donc autant prendre celui qui était actuellement là. Elle décida cependant à se diriger vers la porte, afin de voir qui la "dérangeait" pendant son travail. Après tout, elle était censée boulotter la gamine.

Elle traversa le laboratoire, fermant les fenêtres de l'interface en 3D au passage avant de se rendre devant la porte. Elle plaça sa main sur ce qui servait d'ouverture électronique. Le panneau émis une lumière verte en scannant la main de la naturiste avant de la gratifier d'un petit jingle de… personne agrée à ouvrir la porte. Des mesures de sécurité qui, au moment actuelle, n'avait que peu de raison d'être. Après tout, qui aurait bien pu aller voir les travaux de Thalia, sur les bêbêtes qui parcourent le monde et même si c'était le cas, qui aurait pu utiliser ces connaissances à mauvais escient ? C'est comme si un dangereux psychopathe voulait utiliser des fourmis pour cambrioler une banque. En plus, les rapports finis étaient publié pour tous ceux qui quittaient la base Ellis, afin de savoir ce qu'ils risquaient de rencontrer. Dans un bruit d'ouverture hydraulique qui se mettait en route, la porte coulissa sur la gauche, laissant découvrir le visage de celle qui se trouvait de l'autre côté. Et ce ne fut qu'une demi-surprise quand elle vit que c'était sa propre sœur qui se trouvait là.

Sans doute parce que Camille était la seule personne à régulièrement lui rendre visite, mais aussi parce que c'était la seule dont la présence était acceptée quand elle était occupée. Camille était tout ce qui lui restait. Thalia n'avait jamais connu sa véritable mère, morte en la mettant au monde. C'est vrai qu'elle en avait souffert dans un sens. Pas de l'avoir perdu, mais de n'avoir pu la connaître. Parfois, une personne que vous n'avez jamais connu peut vous manquer plus qu'une que vous auriez perdu. Imaginez-vous, voir toutes vos amies dans les bras de leurs mères alors que vous, vous vous retrouvez seule. Bien sûr, son père s'était remarié et la mère de Camille avait tout fait pour être sa mère… mais les liens de l'amour ne remplacent pas toujours les liens du sang. Ce qui lui faisait le plus mal, c'était de ne pas avoir parlé d'elle avec son père, par respect pour sa belle-mère. Et pourtant, dieu sait qu'elle aurait voulu savoir un million de chose sur elle. Le son de sa voix, ce qui la faisait rire, sourire, s'il lui arrivait de pleurer, sa couleur préférée, ses passions. Au final, elle n'était qu'une inconnue que seule une photo permettait à Thalia de se l'imaginer. Mais revenons-en à sa sœur. Elle était toujours sur le pas de la porte à attendre un signe de son ainée. Bien entendu, elle aurait pu entrer toute seule et faire comme chez elle comme on dit. Ce n'est pas comme si Thalia allait l'empêcher de le faire. La naturiste pris sa Camille dans ses bras, une accolade familiale comme elles avaient l'habitude de s'en faire, accompagné par une petite bise sur la joue.

"Coucou, ça va ? Allez, viens, entre."

Thalia retourna vers son bureau, l'invitant ainsi à la suivre. Derrière elle, le bruit caractéristique de la porte lui indiqua qu'elle venait de se refermer après le passage de sa sœur. Elle plaça le siège à roulette de telle façon à se que l'artiste de la famille puisse l'utilisé. Elle n'était pas très position assise de toute façon. Elle s'accouda contre l'un des meubles de la pièce, hésitant presque à s'asseoir sur ce dernier. Elle passa une main dans ses cheveux d'or boucler en attendant que sa sœur soit placée comme elle le désirait. Elle lui décrocha un petit sourire, heureuse de la voir et à la fois heureuse d'avoir enfin une bonne excuse pour arrêter de travailler un peu. Et puis, sa sœur allait au moins un peut lui changer les idées.

"Alors, quel bon vent t'amène."

Camille n'aimait pas déranger ça sœur quand celle-ci travaillait. Même si ni son père, ni sa mère n'avaient émis de remarques quand à la profession qu'elle avait choisi, elle s'était toujours sentie un peu inférieur de ne pas avoir fait d'études et d'être moins utile à la société. Bien sur, Camille n'en avait jamais parlé à Thalia. Sa demi-sœur souffrait déjà assez de la mort de sa mère et de ne pas pouvoir poser de questions à son père, elle n'avait pas non plus besoin de gérer les crises d'angoisses de sa petite sœur. Camille était la cadette et elle mit longtemps à comprendre que Thalia et elle n'avait pas la même maman. Depuis elle s'efforçait de rester aussi proche d'elle qu'elles l'avaient étés durant leur enfance. C'est d'ailleurs grâce au travail de Thalia que Camille trouva sa première vrai utilité, illustrer la faune et la flore de ce nouveau monde et créer la nouvelle vague artistique.

La porte s'ouvrit avec ce son hydraulique caractéristique et se léger dégagement de vapeur. Le visage de sa soeur se fendit d'un sourire quand elle l'eut reconnu. Même si Camille avait "l'autorisation" implicite de sa soeur, d'entrer comme bon lui semble dans le labo, elle préférait frapper.

Thalia l'invita à entrer et lui désigna un siège pour qu'elle s'assoit. Camille s'empressa de le faire, fatiguée qu'elle était d'être resté toute la journée debout.

Thalia - "Alors, quel bon vent t'amène." -

Camille - Je me fais chier. - Ce qu'il faut savoir avec Camille, c'est qu'elle jure comme un charretier et qu'elle adore ça. - J'ai utilisé ce nouveau matériau que tu m'avait fait passé, tu avais raison il est vraiment très agréable à travailler. Ma statut de Bulette est terminée et est partie à la galerie. Je commence à tourner en rond dans mon put**n d'atelier. J'ai envie d'aller peindre en extérieur, de sortir, de respirer de l'air frais et pas cet air conditionné à la c*n. -

Les deux soeurs avaient une vrai passion pour la nature et avaient chacune choisi une profession grâce à laquelle elles pouvaient vivre de cette passion.

Camille - Mais les Arkanges refusent que je les accompagne. Ils ne veulent pas faire de babysitting qu'ils m'ont dit, comme si j'avais besoin d'une nounou mer*e. Du coup je viens voir si t'aurais pas quelque chose pour moi. -

Camille se redressa légèrement et attrapa une feuille qui était emmêlée dans les cheveux de Thalia. Elle se mit négligemment à jouer avec tout en fixant sa soeur.

Thalia écouta sa sœur attentivement. Elle pouvait la comprendre, la vie à l'extérieur du vaisseau, ou de la base, était relativement dure et les civils ne pouvaient pas souvent sortir, sans escorte du moins. Il y avait bien des resquilleurs qui "sautait le mur" de la base pour aller se balader, mais la politique par rapport aux infectés étaient ce qu'elle était, si ils attaquaient un civil, il aura bien du mal à se défendre sans devenir l'un des leurs. Et en cas d'attaque de Mucha… aucune force militaire ne pouvait mieux les protéger que de prendre leur jambes à leur cou. Donc, il était normal que les permissions pour sortir de là étaient très très rares. Même Thalia, qui pourtant sortait pour ses études, avait du mal parfois à l'accepter. Il fallait bien souvent qu'elle attende une autorisation de "mission d'exploration". A savoir une escorte armée pour aller observé un troupeau d'animaux inoffensifs.

Elle soupira en croisant les bras avant de pencher sa tête sur le côté. La vie était loin d'être rose pour les deux sœurs. Et Thalia ne pensait pas au fait d'être loin de la terre, ni même au deuil d'un père qui avait, pour elle du moins, du mal à passer. Non, la vie était dure parce qu'elles étaient bloquées sur ce vaisseau alors qu'un vaste monde ne demandait qu'à être découvert en dessous d'elles. C'était tuant pour deux filles, l'une aimant dessiné, l'autre aimant la nature, de se retrouver dans un univers de métal. Thalia avait un air rêveur en se souvenant des moments passés en bas, sur la terre ferme. Parfois, elle allait vers un des hublots se trouvant dans les couloirs pour contempler le paysage. C'est vrai que de là-haut, le monde était magnifique. On pouvait voir, sans vraiment distinguer, le monde vierge et inexploré. Et quand le soleil pointait le bout de son nez… autant dire qu'elle avait rarement vu aussi beau spectacle.

"Je sais, ce n'est pas facile. Les Arkanges sont parfois un peu… obtus. C'est la sécurité avant tout, et d'un côté, je les comprends. Après tout, tu risques de tomber sur un infecté et… je n'ai pas très envie de te perdre. Un jour, si on trouve le remède, on pourra sans doute sortir à l'extérieur."

C'est assez curieux la façon dont elle mettait plus d'espoir dans le fait de trouver un remède que de réussir à faire redémarrer le vaisseau. Dans l'état actuel des choses, elle pensait devoir appeler cette planète… sa maison. Un nouveau domicile qu'elle n'avait pas vraiment choisi mais avec le temps, peut-être que ça deviendra un havre de paix. Et puis… après tout, elles devaient partir pour une nouvelle maison, sur Alpha du centaure. Qui pouvait jurer que la vie était bien mieux là-bas ? On savait qu'elle était possible, mais paisible, c'était une autre histoire. Thalia fini par se lever et se dirigea vers le terminal ARI juste devant sa sœur. Elle pianota sur la machine afin de lancer un programme.

"En attendant, si tu m'aidais à observer les animaux d'en bas ? J'ai ici quelques vidéos prises par des expéditions. On sait jamais, elle pourrait t'inspirer pour un dessin."