Des docteurs et des infectés [PV Jade]

Aujourd'hui, ce n'était pas un jour comme les autres pour Thalia. Il y avait quelque jours de cela, une Infectée avait été capturé par une des jeunes recrues, acte héroïque certes mais aussi assez inconscient. Thalia aurait pu jurer que Kaleb Lewis, le chef des Arkanges, allait lui passer un savon de tous les diables pour avoir fait ça. Enfin, ce n'était pas méchant non plus, il tenait plus aux Arkanges qu'à sa propre vie, c'était "pour leur bien" qu'il faisait ça. Dommage que tout le monde ne le comprenait pas de cette oreille. Bref, revenons à nos moutons… ou à nos infectées… notre infectée dans le cas présent. Le vaisseau n'étant pas vraiment équipé de prison, elle était simplement mise dans une cellule d'isolement, sans aucun objet pour lui permettre de s'échapper ou de se blesser. On n'avait rien contre les infectés, enfin presque tout le monde n''avait rien contre les infectés, comme partout, il restait des brebis galleuses qui ne cherchait qu'à tuer cette "vermine". Thalia n'était pas de ceux là fort heureusement. Ca ne veux pas dire qu'elle était mieux placée pour autant, elle voyait plus les infectés de la manière scientifique. Pour elle, elle était plus fascinée par les transformations de leur corps plutôt que pas l'être humain qu'il avait été. Mais cette façon de voir avait des avantages, les recherches lui permettrait peut-être de trouver un antidote.

D'ailleurs, elle avait rendez-vous avec l'infectée en question dans un des grands laboratoires du vaisseau pour faire des expériences. D'habitude, elle était accompagné par Haven, médecin de bord, meilleure amie et femme de Kaleb aussi, mais c'est une autre histoire. Mais aujourd'hui, elle avait prévu de prendre un peu de repos hors de son boulot quotidien. Thalia ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, elle aussi fermait son laboratoire avant de quitter les lieux. Peut-être devrait-elle attendre son retour avant d'étudier l'infectée. Non, l'excitation était trop grande, elle voulait découvrir des chances, les infectés captifs étaient tellement rare. C'était le premier d'ailleurs, sans compter le militaire qu'elles avaient, Haven et Thalia, trouver avant sa transformation. Donc, il n'y avait pas une seconde à perdre. Et puis, le rendez-vous était déjà pris alors on n'allait pas la faire attendre. Elle quitta ses quartiers pour faire un détour par l'infirmerie. Pourquoi faire ça ? Et bien comme déjà expliquer, Haven travaillait aussi sur les Infectés et c'est elle qui gardait certaine information, propre à son travail. Thalia voulait avoir toutes les données avant de commencer l'opération alors, elle avait demandé à Haven tout ce qu'elle avait sur le sujet. Elle rentra dans le bureau, après avoir salué les infirmières présentes et chercha sur le meuble principal, à proximité de ARI, une petite clé USB. La confiance entre les deux amies était grande mais les mots de passe n'étaient connus que d'une seule personne. Même Kaleb devait l'ignorer, c'est dire. Elle récupéra le petit objet et fonça vers le laboratoire.

Une fois sur place, elle remarqua qu'elle était la première sur les lieux. Elle prépara deux ou trois outils, histoire d'avoir l'air prête et alluma la console ARI pour charger l'interface. Tout était en place lorsque la porte principale s'ouvrit. Thalia se retourna et découvrit son invitée, qu'elle ne connaissait pas, il faut bien l'avouer. Elle devait faire partie de l'Argos avant mais elle ne pouvait pas connaître tout le monde. Et puis, Thalia n'est pas une grande physionomiste non plus. De part et d'autre de la jeune brune se trouvaient deux Arkanges, armés qui la maintenait, alors qu'elle n'avait pas l'air de vouloir se débattre. Et de toute façon, si elle l'aurait voulu le faire, ils auraient très certainement fini piqué par son dard. Bande d'amateur… Mais oui ma vieille, tu t'y connais en infecté… c'est pratiquement le premier que tu vois de près. Elle savait surtout ce que Kaleb avait raconté et c'était bien suffisant. Les deux Arkanges placèrent leurs prisonnières à côté d'une table, où une menotte relier à son bras fut attaché pour évité tout risque d'agression. Ils reculèrent de quelque pas avant de se mettre en garde. Thalia mit les mains dans son blouson blanc et regarda les deux hommes en coin.

"Vous pouvez nous laisser ?"

Voyant qu'aucune réaction n'apparaissait sur le visage des deux hommes, elle soupira un grand coup, avant de faire un quart de tour vers eux afin de les regarder droit dans les yeux.

"Regardez, elle est attachée et je ne risque rien. Maintenant, j'ai du boulot et je n'ai aucune envie d'avoir deux baby-sitters avec moi. Je sais ce que je fais alors vous pouvez attendre dehors."

Après une brève hésitation, les deux Arkanges sortirent de la pièce qui se referma derrière eux avec son petit bruit hydraulique habituel. Elle savait pertinemment qu'ils étaient postés juste devant, mais au moins elle était tranquille. Elle se tourna vers l'infectée et réfléchit un instant, ne sachant pas trop par quoi commencer, avant décider que la politesse serait le meilleur moyen.

"Bonjour, je m'appelle Thalia, Thalia Ellis, je suis naturaliste et j'étudie l'évolution. Je suis là pour faire des recherches afin de soigner votre mutation. Vous n'avez aucune crainte à avoir, je ne vais pas vous faire de mal, moi au moins."

Certes dernière réflexion était destiné aux militaire dehors, bien qu'ils ne l'entendraient pas. Thalia aimait dire tout haut ce qu'elle pensait, même si c'était inutile.

Pourquoi m’être laissée prendre alors que j’aurais sans aucun problème pu échapper à la jeune femme qui m’avait arrêtée ? Tout simplement parce que je lui avais fais la promesse qu’elle reviendrait saine et sauve à la base Ellis et que la désarmer pour lui échapper ne serait pas passé sans mal, or il se trouvait que la demoiselle était plutôt affectueuse, alors l’idée de lui faire du mal...J’étais peut-être une Infectée, mais cela ne faisait pas de moi une ennemie de la nation, ni même une ennemi tout court, j’étais toujours humaine au fond de moi, même si je devais avouer que le traitement qui allait m’être réservé sur ce vaisseau me faisait peur. Etais-je de taille à lutter contre ce qui allait m’arriver, pourrais-je résister et survivre ? Bien sûr que je le pourrais, j’étais résistante et du genre chiante à tuer mais je redoutais...non je ne redoutais pas, j’appréhendais surtout ce qui allait m’être fais, être disséquée vivante ne me disait pas grand, surtout pas si ça devait devenir quotidien et durer des mois. J’avais peut-être finalement eu une très mauvaise idée, mais il était définitivement bien trop tard pour s’inquiéter de cela, j’étais prisonnière, captive des humains et ne pouvant qu’attendre de subir ce qu’ils voudraient me faire subir. Quoi qu’à y réfléchir, je pourrais toujours jouer de mes dons pour m’enfuir et quitter la base, seulement il y eut dans mon plan un imprévu, celui de me retrouver sur l’Argos.

Je n’avais pas vu cette possibilité et je ne pouvais que m’en mordre les doigts car fuir du vaisseau serait autrement plus difficile que fuir simplement de la base. Bon au moins les humains avaient eu le réflexe de ne pas me laisser d’arme à portée de main, en faites dans la zone où il m’avait enfermé, il n’y avait rien pour faire du mal, pas plus à soi qu’à un autre. Alors je restais calme dans ma cellule, assise par terre sur un matelas qui semblait feuille brique sur le dos métallique de la structure. Enfin au moins j’avais un matelas et même une couverture ! Fine certes, mais disons qu’après le confort rudimentaire des grottes...Je me sentais plutôt très bien dans cet univers où j’avais pour moi très peu de choses. La seule chose que je n’appréciais pas était les moments où les gardes venaient me faire bouger d’un endroit à un autre, toujours la même démarche franchement pas agréable, toujours la même façon de me traiter comme la lie de l’humanité, pour un peu je m’attendrais à ce qu’il me tabasse pour me faire avouer que c’est moi qui commande les Muchas. Le fait était que si j’avais voulus à un seul moment m’évader, je n’aurais eu aucune peine à le faire, il fallait croire qu’il se fichait du dard dans mon bras, rien pour m’empêcher de le sortir ou l’utiliser, pas même un anneau de fer volontairement trop serré au point de me déchirer la peau, non rien du tout, liberté totale d’utiliser l’arme la plus efficace que je pouvais avoir. Et finalement c’était il y a quelques heures que l’on vint me dire, comme si j’étais une invitée alors que j’étais prisonnière, que quelqu’un voulait me rencontrer pour m’étudier.

On allait enfin commencer à rire ! Comment allait-il m’analyser les humains ? Je me demandais ce qu’ils allaient me faire comme tests, oseraient-ils me demander de leurs montrer le dard dans mon avant-bras ? Sans vouloir jouer ma pudique...J’aurais je crois plus de gêne à leur laisser photographier le dard que j’avais dans mon bras que de me prendre en photo nue. Etrange non ? Et les gardes reviennent quelques heures plus tard, dans ma geôle, je perds notion du temps, pas de montre ni de vue sur l’extérieur, il est l’heure qu’on me dit qu’il est...quand on me le dit. Le même petit jeu recommence, le même qu’avec la demoiselle qui m’avait arrêté sauf qu’elle n’avait rien eu à dire alors que je me plaisais à faire répéter les gardes à chaque fois. A genoux, mains derrière la tête puis face contre terre et main dans le dos. Comme chaque fois la troisième étape me fait frissonner, débardeur un peu trop petit avec donc haut du corps et bras sur le métal froid de la coque, ça en ferait frissonner plus d’un !

Je me laisse trimballer sans aucune résistance, à n’importe quel moment je pourrais prendre le meilleur sur eux et m’enfuir en les ayant changé en Infectés mais je me laisse conduire jusqu’à un laboratoire. Une belle femme m’attend, elle est plutôt charmante mais mon regard foudroie le garde qui me met la menotte pour me relier à la table au moment où je peste d’un « Aïe » qui servira pour toute explication. Qu’importe la menotte, j’entends la femme qui doit avoir mon âge à peu de choses près, dire aux soldats de sortir, non sans une pointe de mesquinerie que j’apprécie fortement. Elle se présente finalement, mais je souris déjà à ses termes, aucune crainte à avoir, ça je crois que ça serait à moi d’en juger et non pas à elle, quand à me soigner de ma mutation, qui a dis que je voulais être soignée ?

- Jade Myers, je suis infectée et prisonnière. J’aimerais juste mettre quelque chose au clair avec vous avant toutes choses, vous pourrez me faire toutes les analyses que vous voudrez à condition de me les présenter avant, de me dire ce que vous allez faire ou ce que vous faites, enfin et c’est le plus important vous ne m’administrerez aucune substance ni ne ferez quoi que ce soit visant à me soigner.

Je plante mon regard dans le sien :

- Je ne crois pas mes jours en danger et je ne me sens pas mourante alors de me retrouver avec des complications liées à un sérum, ça ne me tente pas. Si vous respectez ce que je viens de dire et que vous me respectez moi, je vous promets que je me prêterais à presque tout ce que vous voulez et je le ferais de bon gré. Je sais que je ne suis pas en position d’exiger quoi que ce soit alors dites-vous que c’est une proposition pour rendre les choses plus faciles pour vous. Ca vous va ?

Thalia s'était retournée pour préparer deux trois objets pour les tests, tournant le dos à l'infectée. Elle ne craignait pas vraiment d'être attaqué, déjà parce que elle était attachée et aussi parce que elle sentait que ce n'était pas ce que voulait la demoiselle. Bon, ça ne voulait pas dire qu'elle était consentante à la situation, mais ça résolvait une partie du problème déjà. Elle regarda les ustensiles en se souvenant de leur utilité. Autant le dire, elle n'était pas forcément experte dans le maniement de ses objets et elle n'avait suivit qu'un cours exprès avec Haven peu de temps avant. Dès que la mariée avait après qu'elle ne serait pas de la partie en fait. C'est à ce moment que Thalia regretta son absence, elle aurait pu manier les objets d'une bien meilleure façon, et après tout. Ça aurait fait une alliée en plus pour amadouer l'infectée. Infectée qui fini par se présenter sous le nom de Jade Myers, avec un ton des plus sarcastique. Au moins, à présent, on pouvait être sûr qu'elle n'appréciait pas sa situation.

Elle écouta tout ce qu'elle avait à dire, forçant Thalia à se retourner vers elle. C'était une forme de politesse qu'elle s'efforçait d'avoir, toujours regarder son interlocuteur, du moins quand on a du respect pour ce dernier. Elle ne la connaissait pas mais tout laissait paraître qu'elle avait plus de chance d'être respectée que les deux gardes qui l'avaient amenée. Ce qui entre nous n'était pas encore trop difficile, même le dernier des boogeywoof aurait eu droit à plus de respect de la part de Thalia. Bref, revenons à nos moutons. Jade semblait être d'accord mais en y mettant quelques conditions d'usages. Elle ne les imposait pas, vu sa position, mais demandait quand même à ce qu'elle soit respectée au possible. Et voilà, laissez quelqu'un avec ses lourdauds et résultat, ils pensent que nous sommes des brutes qui ne comprenons rien. C'était tout à fait le genre de chose que Thalia détestait. Si il y avait bien une personne sur cette planète, ou vaisseau, qui respectait les autres et ceux qui était différent, c'était bien Thalia. Pour elle, un infecté était certes quelqu'un de fascinant, comme n'importe quel créature de cette planète, mais elle n'aurait pas fait plus de mal à une Bullette qu'à Jade, son but n'est pas de disséquer les créatures, mais de les étudier dans leur manière de vivre bon sang. Elle attrapa un petit scalpel ainsi qu'une fine lamelle de verre, avant de s'asseoir sur un tabouret juste devant Jade.

"Je comprends tout à fait, et ne crois pas que nous sommes tous comme ceux que tu as pu rencontrer. Je n'ai aucune intention de te faire du mal, je suis une scientifique, pas un boucher. Mon but est de comprendre ce qu'il vous arrive. Rien de plus."

Elle prit la main attachée de Jade dans une des siennes, la forçant délicatement à mettre la paume vers le haut. Elle ne pu s'empêcher de remarquer la cicatrice provoquée par le dard qui prenait place dans leurs avant-bras. Elle montra le scalpel bien en évidence devant Jade, avant de prendre la parole pour lui expliquer ce qu'elle allait faire.

"Ne t'en fait pas, je ne vais pas te charcuter la moitié du bras, je vais juste prendre un échantillon de ta peau pour voir ton ADN. Sinon, tu es la première infectée que nous avons sur l'Argos, la première qui pourrait nous fournir des informations et je peux te jurer qu'il n'y aura aucun sérum à t'administrer avant que nous soyons de ses résultats. On va faire un tas de simulation d'abord alors tu n'as aucune crainte à avoir la dessus. Ensuite, tu ne te sens peut-être pas malade mais nous ne pouvons pas en être sûres, ni toi, ni moi. On ne sait pas grand-chose sur votre nouvel organisme, si ça se trouve, ton corps ne supportera pas longtemps cette mutation, si ça se trouve, tu vivras 200 ans, mais pour le moment, on ne peut jurer de rien. De plus, tous ne pense peut-être pas comme toi et désire retrouver une vie plus "normale". "

Elle arracha un petit bout de peau délicatement avant de le placer dans la lamelle de verre et de la ranger sur le plan de travail un peu plus loin. Elle aillait étudier ça un peu plus tard, en rentrant les données dans ARI et en commençant des test, même si Haven en ferait la majeure partie avec les données que Thalia lui fournirait. Pour le moment, c'était Jade sa principale préoccupation. Et elle avait bien l'intention de mettre un climat de confiance entre elles pour en apprendre plus sur eux. Elle retourna sur son tabouret et décida d'engager une simple conversation sur les infectés, afin de mieux les comprendre.

"Voilà, grâce à cet échantillon, je vais pouvoir faire des tests et des simulations pour voir comment l'organisme réagit avant toute tentative sur un sujet vivant. Maintenant, le plus intéressant serait pour nous d'avoir l'origine même des infectés à notre disposition, mais comme tu dois t'en douter, on préfère éviter le chemin des Mucha le plus possible."

J’espérais que la doc comprenne que je pouvais ne pas aimer ma situation, ce n’était pas vraiment mon truc d’être prisonnière, ça m’était arrivé une ou deux fois à la CIA et je me souvenais encore de tortures particulièrement douloureuses et peu agréables. Je ne pensais pas que cette femme fasse pareille d’autant que pour être honnête quand je voyais comment les humains m’avaient attachée, je savais que je n’aurais aucun mal à m’évader au besoin, toutefois pour le moment je voulais laisser sa chance à la toubib. Après tout, elle était là pour m’étudier, bon le terme ne me plaisait pas vraiment, si c’était pour me retrouver décortiquer sous toutes les coupures par des centaines de photos prises au microscope, non merci, je passe mon tour. Quoi qu’il en soit, je suis bien décidée à lui laisser sa chance, les soldats sont brutaux mais elle ne m’a rien fais qui mérite ma méfiance et mon animosité, alors je vais attendre de voir comment évoluent les choses. Je savais aussi que c’était souvent les personnes qui nous paraissaient le moins mauvaises qui pouvaient être les pires, mais j’étais prête à sortir mon dard et briser le métal de la menotte si jamais elle tentait quoi que ce soit qui puisse me paraître douloureux outre mesure et de façon totalement non nécessaire. Et puis finalement tant qu’à être sujet d’analyse, je pose mes conditions rien de bien compliqué ni de bien méchant, je demande plus de respect qu’autre chose finalement.

La doc marque un bon point en me regardant dans les yeux pendant que je parle, je déteste pile le genre de personnes qui n’osent pas vous regarder parce que vous êtes différent. Elle, elle me regarde dans les yeux et sinon un rien de fascination qui me déplait légèrement, je ne vois rien dans son regard qui soit semblable à du racisme ou de l’animosité. Elle finirait presque par m’amadouer si elle continue ainsi. Je ne la connaissais ni d’Eve, ni d’Adam et pourtant j’avais envie de lui faire confiance, plutôt étrange et paradoxal non ? Quoi qu’il en soit, pour le moment j’attends de voir comment se passeront les premières analyses et visiblement ça ne va pas commencer très agréablement puisque je la vois qui me présente un scalpel. Je soupire déjà, lui souriant pour lui dire qu’elle peut se lancer dans ce qu’elle veut faire. Je la laisse prendre ma main attachée et je la regarde faire, elle s’y prend doucement, c’est à peine douloureux. Ses mots sont bien choisis et très bien dosés.

Ce qu’elle dit n’est pas faux, elle n’a pas du tout tort d’ailleurs, elle me promet qu’il n’y aura pas de tests sans être sûr des résultats et en effet, elle marque un bon point quand elle me dit que personne ne peut être sûr des résultats de la mutation sur le long terme, pas faux ça non plus. Je déteste quand les autres ont raison sur ce genre de point, comme sur le fait que certains veuillent retrouver une vie plus normale, certains Infectés ont une famille à bord de l’Argos ou à la base Ellis et ils aimeraient bien les revoir sans se faire tirer dessus à peine ils approchent, je ne peux cependant pas m’empêcher de dire à Thalia :

- Et pour pas vivre en paix alors ? Nous ne voulons pas vous tuer ou vous transformer, enfin certains extrémistes bien sûr mais c’est plus un réflexe défensif. Vous nous tirez dessus on se défend avec nos armes. Nous sommes tous humains finalement, on pourrait vivre en paix non ? On est peut-être infectés, différents et dangereux pour vous mais vous l’êtes autant pour nous.

finalement tout ce sera bien passé avec cette première analyse, et la réflexion suivante de la demoiselle me fait sourire :

- Je travaillais dans l’armée avant Doc’, faut pas hésiter à dire ce que vous voulez clairement.

Bougeant ma main de façon à pouvoir faire sortir le dard qui est dans mon bras, la menotte me dérange et me fait soupirer, je regarde l’analyste :

- Pas d’inquiétudes d’accord ? Je ne compte rien vous faire.

Le dard sort en passant dans l’un des maillons de la menotte dont le métal éclate, libérant ma main. Les gardes n’ont rien vu et c’est tant mieux, j’approche mon bras de la médecin :

- Et voilà. Si vous vous demandez ça n’a rien de douloureux de le faire sortir, c’est à peine plus douloureux qu’une piqure une fois les quatre, cinq première fois passées.

Je laisse mon dard sortit, la laissant faire les analyses qu’elle veut mais toujours observant ce qu’elle fait, je finis par demander :

- Dites, je peux vous demander une faveur ? La demoiselle qui m’a arrêtée, est-ce que vous pourriez lui laissez un petit mot pour lui demander de venir me voir ?

Thalia écoutait attentivement ce que l'infectée avait à dire. Vivre en paix… Thalia ne demandait pas mieux, elle n'était pas vraiment pour faire la guerre à tout bout de champ, ce n'est pas parce que on est fille de colonel qu'on partage les même envie. Et de même, elle était scientifique et jamais elle n'autoriserait les Arkanges, ou qui que ce soit d'autre, à utiliser ses recherches afin de créer une arme pour détruire les infectés. Le lieutenant-colonel Lewis connaissait déjà la réputation de la jeune femme et sa particularité à ne pas se laisser marcher sur les pieds quand elle n'en avait pas envie. Les autres… l'apprendraient bien assez tôt. Elle retourna à son tabouret, quittant involontairement des yeux la demoiselle mais sans pour autant manquer un bout de la discussion. Elle croisa les jambes devant elle tout en continuant de la fixer. Ce qu'elle disait avait tout autant de sens que ses paroles. La naturaliste commençait à sentir que la glace fondait entre elles deux. Bon, il n'y avait aucune glace de la part de Thalia, mais elle comprenait tout à fait que Jade en avait de son côté.

"Je n'ai rien contre la paix, mais tu l'as dit toi-même, nous avons nos extrémistes dans chaque camps. Certains pensent que votre mutation vous a enlevé toutes humanités, ils n'hésiteront pas à vous traiter comme des animaux. Mais il y a d'autres personnes qui sont d'un avis différent. J'essaye de trouver une solution qui conviendrait à tout le monde, comme ce remède, puisqu'il faut lui trouver un nom. Si tout le monde ne veux pas le prendre, ça permettra au moins aux autres de redevenir comme avant et qui sait, d'empêcher des futures transformations. Pour ceux qui ne veulent pas redevenir comme avant… je pense que la situation sera difficile encore quelques temps. La politique change rarement radicalement sur un sujet, mais avec le temps, j'espère que nous pourrons mettre fin à cette lutte fraternelle.

Elle termina son discours quand soudain, le métal de sa chaine se brisa, Thalia n'eu aucun mal à remarquer que le dard avait permis cet exploit, ce qui prouvait bien la résistance de ces excroissances. Nul doute que si les gardes étaient toujours à l'intérieur de la pièce, elle serait déjà en joue, voir criblée de balle. Thalia soupira un grand coup. Elle n'était pas plus impressionnée que ça d'être à présent face à face avec une infectée libre et son arme "mortelle" pointée droit sur elle. Elle sentait que Jade ne pourrait pas lui faire de mal volontairement, sinon, elle n'aurait pas pris la peine de lui présenter le dard, elle lui aurait sauté dessus et la pauvre Thalia aurait du se précipiter pour trouver le remède dans les 3 prochains jours. Elle regarda le dard avec beaucoup d'attention. Elle était encore plus fascinée par les infectés maintenant qu'elle pourrait voir le dard de plus près. Mais prudence est mère de sureté, avant de se lancer dans l'étude du dard, il fallait continuer à mettre un climat de confiance entre elles. Thalia se releva, sans perdre de son assurance.

"C'est très impressionnant. Je ne suis pas responsable des Arkanges, je ne peux donc rien te promettre pour celle qui t'a arrêté, mais je peux toujours faire le nécessaire pour transmettre le message aux personnes concernées." Elle pensait à Kaleb qui, pour sûr, donnerait le message une fois qu'elle aurait un petit peu insisté. "Ce sera à eux de voir si il juge bon d'organiser une rencontre entre vous."

Thalia regarda encore une fois le dard, elle était assez dérangée, dans un certains sens de le voir ainsi sorti et près à attaquer. Sans la mettre mal à l'aise, il fallait reconnaître que ce n'était pas là la meilleure façon de se sentir en sécurité, surtout que elle n'avait aucune arme à disposition, a part le gros bouton rouge servent d'alarme qui ne manquerait pas de rameuter assez d'Arkanges pour plomber la demoiselle avant même qu'elle aie pu faire un pas, même avec la protection naturelle qu'elle porte sur le dos. Elle lui souri, un sourire apaisant et destiné à la mettre en confiance.

"Tu peux ranger ton dard, je n'ai pas vraiment besoin l'étudier de près pour le moment. Et je ne pense pas que tu serais prête à t'en servir, sinon, tu l'aurais déjà fait. Je ne vais pas te dire que si tu l'utilise et que tu cherches à t'évader, tu risque fortement de ne pas t'en sortir vivant et je pense que ni toi, ni moi ne voulons ça."

Thalia se dirigea vers le bureau afin de récupérer un PRI, qu'elle plaça à son bras. Elle pianota sur l'ordinateur, ce qui opéra deux résultats, le premier, lancer une batterie de test sur l'échantillon ADN, le temps de faire le reste, et le second, téléchargé les notes sur la console portable. Elle se saisit d'un petit stylet et retourna à son tabouret, invitant Jade à prendre place sur une autre chaise du laboratoire. Un bloc note apparu devant elle et elle écrivit la date à la première ligne du document.

"J'ai lancé des tests, avec un peu de chance, on trouvera déjà un premier résultat. Je dois t'avouer que si je m'en connais un peu en génétique, je ne suis pas l'experte dans le domaine, je suis meilleur pour observer dans le monde extérieur et étudier directement. Je laisse la partie technique aux autres, mais ma collègue n'a pas pu ce joindre à nous aujourd'hui."

Autant jouer carte sur table avec elle. Elle n'était pas du genre à garder des secrets sur son travail de toute façon. Et elle lui avait demandé de lui parler des tests qu'elle faisait alors, autant être franche et lui dire qu'elle ne savait pas trop les tests qu'elle faisait. Le programme avait été conçu pour Haven, il était rempli de chiffre et d'indication que Thalia ne comprenait pas forcément.

"En attendant, j'aimerais te poser quelques questions. Je pense que je serais plus à même de vous aider, du moins ceux qui le désirent, si j'en apprenais d'avantage sur vous. Si ça ne te dérange pas bien sûr d'y répondre. J'essaye de répertorier une bonne dose d'information sur les autres animaux qui peuplent cette planète et comme je l'ai dit, les Muchas sont très difficile à approcher pour nous. J'aimerais savoir si tu ne peux pas nous donner un peu plus d'information sur eux… ou sur un moyen de les observer sans risqué une piqûre... Et au fait... tu peux m'appeler Thalia."

Une belle utopie la paix non ? Déjà sur terre quand tout le monde était parfaitement pareil avec un code génétique toujours semblable finalement dans l’ossature, l’humanité avait trouvé moyen de chercher des excuses pour se faire la guerre. C’était affolant d’ailleurs de voir la capacité des humains à faire la guerre et leur incapacité à vivre dans l’harmonie, tout y était passé pour faire la guerre, sexe, couleur de peau, religion, territoire, eau, pétrole, or, argent, forêt, femme, honneur, patrie, drapeau, écusson, quand il fallait faire la guerre, l’Homme était le meilleur, comptez sur lui pour toujours faire exactement ce qu’il faudra pour la déclencher et la faire devenir...violente. Et le pire dans tout ça c’est qu’il n’y avait rien d’excitant à tuer quelqu’un, je l’avais déjà fais, je savais parfaitement de quoi j’étais entrain de parler, il n’y avait absolument rien d’excitant à tenir une arme et je n’avais rien trouvé de puissant dans le fait de prendre une vie, on ne peut pas prendre une vie ainsi sans penser qu’on paiera une contrepartie. On paiera tous pour ce qu’on fait, ma punition était peut-être ce dard que j’avais dans l’avant-bras, c’était peut-être d’être prisonnière ici ou alors de bientôt devoir subir des tests beaucoup plus douloureux que le petit prélèvement d’épiderme que venait d’opérer Thalia. Je n’avais pas encore totalement confiance, j’étais après tout en territoire ennemi, livré à la merci de personnes qui donneraient surement tout et n’importe quoi pour me transformer en passoire, alors malgré la gentillesse et la sympathie dont faisaient preuve la doc, je n’étais pas encore totalement sereine :

- Sans doute que les choses seront encore dures plutôt longtemps, même avec un remède ceux qui seront soignés ne vivront surement pas sereinement. Ils seront sûrement montrés du doigt et observés comme si ils risquaient de faire une rechute, il faudra attendre que le sérum entre vraiment dans les moeurs et habitudes de la vie ici. Enfin nous verrons bien ce que cela donnera, commençons par trouver un remède avant d’imaginer son impact.

Je ne doutais pas qu’elle se rendrait bien compte que j’avais terminé en parlant d’une façon qui avait tendance à dire que j’étais prête à collaborer, après tout si j’utilisais une conjugaison qui requérait normalement le « nous », c’était l’idée transmise non ? Mais je crois bien que Thalia n’apprécia que peu ma petite démonstration pour me libérer de cette entrave plutôt désagréable et qui avait été serrée beaucoup trop autour de mon poignet. Je ne comptais pas la piquer ou lui faire du mal, si ça avait été mon intention, il y aurait effectivement un moment que je l’aurais déjà transpercé, ou que je l’aurais déjà tuée, je n’avais pas besoin de cette arme pour la tuer. Il ne me fallait que mes deux mains pour le faire, j’avais été entrainée à tuer bien avant de devoir me défendre pour survivre sur cette planète au milieu des grizzours, des muchas et finalement même des humains. J’avais quand même le sentiment que ce dard ne la mettait pas vraiment à l’aise, d’un autre côté je pouvais la comprendre, elle devait surement être partagée entre fascination et pourtant inquiétude, jusque là à part des mots je ne luis avais rien donné qui méritait de recevoir sa confiance :

- Oui j'imagine qu’ils pourraient s’inquiéter de me laisser revoir celle qui m’a capturée, ils pourrait croire que je puisse vouloir une vengeance. Elle aussi d’ailleurs surement. Pourtant nous savons toutes les deux que si je n’avais pas voulu qu’elle m’arrête, il ne m’aurait pas été difficile de la tuer ou la transformer. C’est dommage que les militaires ne le comprennent pas, ils pourraient me faire plus confiance après tout il n’y a pas si longtemps, je travaillais avec eux.

Définitivement mon dard la mettait mal à l’aise, il suffisait de voir le regard qu’elle lui portait, je m’exécutais rapidement quand elle me demanda de le ranger, nul besoin de le laisser dehors pour « me la jouer », ce n’était pas mon but. Si je voulais vraiment faire dans la frime, je pourrais toujours courir ou me faire tirer dessus, ça serait beaucoup plus classe que simplement le dard. Ou alors faire un truc vraiment morbide et traumatisant mais mon but n’était clairement pas de traumatiser les humains alors autant rester calme et patiente, montrer que ce n’était pas parce qu’on était infecté qu’on devenait la lie de l’humanité :

- Je sais que sortir serait très difficile ne t’en fais pas, mais même avant cela, si je décidais là dans l’instant de faire de toi une infectée ou te tuer, crois-tu que les gardes auraient le temps d’arriver pour m’en empêcher ? Tu es en première ligne si je déraille Thalia et moi je suis en première ligne si tu prends peur et que tu appelles tes potes armés jusqu’aux dents. Une autre bonne raison de se faire confiance pas vrai ?

De toutes façons, ce n’était pas vraiment comme si nous avions le choix, nous allions devoir accepter de nous faire confiance et point barre. Pourtant si elle me regardait quand je bougeais comme si j’allais l’attaquer, j’observais aussi assez attentivement ce qu’elle prenait, situation étrange de deux personnes qui doivent se faire confiance mais y peinent. Je hoche simplement la tête quand elle m’explique ce qu’il en est des tests. Et j’écoute la suite, réfléchissant avant de répondre :

- Leur dard c’est leur arme, c’est aussi simple que ça. Peu importe l’ennemi ils utilisent leur dard, sur toutes les créatures de cette planète, l’effet est mortel au bout de quelques minutes, quelques secondes selon le nombre de piqures. Pareil pour les Infectés, le dard est mortel sur tous les animaux mais le venin agit plus doucement que par injection d’un muchas. Pour ce qui est de les observer honnêtement je n’ai pas trop d’idées en dehors d’en capturer pour les mettre dans un vivarium. Ils sont dangereux et malins, la piqure qui m’a changé a été faite sous mon gilet pare-balle, donc le moustique s’était glissé en dessous en se rendant compte qu’il pouvait pas piquer. Ou alors le dard traverse du Kevlar, j’ai jamais essayé. Autrement pour en observer, si tu t’arranges avec les Arkanges pour qu’ils me laissent dehors une dizaine de minutes, je pourrais en attraper et arracher leur dard, c’est comme pour les abeilles, le fait de le perdre ne les tuent que parce qu’ils ne peuvent plus se protéger d’un prédateur, alors ça, ça serait faisable.

Les paroles de Thalia pour essayé de faire fondre la glace avait trouvé réponse dans les paroles de Jade. Il faut dire qu'elle n'avait pas tord. Si elle ne pouvait pas aller bien loin dans le vaisseau pour s'échapper, Thalia de son côté risquait de devenir infectée si son interlocutrice le désirait. Une idée qui, il faut l'avouer, ne l'enchantait guère. Etudier des créatures ou, le cas échéant, des humains ayant subit une mutation, était certes passionnant mais ce n'est pas pour autant qu'elle voulait l'étudier de l'intérieur. La situation était plus que délicate quand on y pense bien. C'est vrai, comme pouvoir faire confiance en quelqu'un qui refuserait de partager votre fardeau, ou qu'importe le nom qu'on lui donne. Une alliance entre eux était-elle possible si les "humains" refusaient de devenir infectés à leur tour. C'était là l'éternelle histoire de l'humanité. Si Jade lui proposait de devenir infectée, pour qu'elle apprenne directement sur le tas les particularités des siens… elle répondrait non, mais ne serait-ce pas une offense ? Pour elle, comme pour les autres membres de l'équipage, l'infection était une maladie, comme son nom l'indique. Elle devait être combattue, jamais elle n'aurait imaginé entendre quelqu'un être… content de son sort. Il faut aussi bien avouer qu'aucun Infecté n'était venu les bras ouverts pour qu'on l'étudie et trouve un vaccin. Serait-il tous comme Jade, heureux de leur sort ? Ce vaccin que l'on cherche, est-ce pour les sauver… ou pour nous donner bonnes consciences ?

Thalia garda ses réflexions pour elle, mieux valait ne pas mettre de l'huile sur le feu dans la discussion et donner des éléments favorables à la cause des infectés, ce n'était pas pour ça qu'elles étaient là d'ailleurs. Elle repensa au dard, fixant une nouvelle fois son regard sur l'avant-bras duquel il était sortit. Pourquoi elle n'avait pas forcément peur de ce faire piquer ? Et bien, elle connaissait les risques depuis qu'elle était rentrée dans le laboratoire, de même, elle connaissait les risques en renvoyant les deux Arkanges hors du laboratoire. En fait, elle n'avait pas peur de se faire piquer parce qu'elle savait exactement quoi faire si ça devait arriver. Elle sonnerait l'alarme et demanderait sans doute à la première personne qui entrerait avec une arme de faire ce qu'il fallait pour empêcher la transformation, au stade où les recherches le permettre. Se transformer, non, elle n'était pas prête à le faire, mais la mort était une option à laquelle elle s'était faite, depuis un petit temps déjà d'ailleurs, avant même d'arriver sur Thalos. Et si le tireur en question hésitait à lui mettre une balle entre les deux yeux, elle le ferra elle-même, que les autres scientifiques essayent de comprendre le principe de transformation grâce à l'autopsie.

Thalia écoutait attentivement les réponses de Jade. Elle buvait ses paroles, au sens figuré, comme du petit lait. Normal me direz-vous, pour une naturaliste, d'adorer en apprendre sur des créatures. Bon, ce qu'elle craignait le plus arrivait dans la réponse de Jade, les muchas et les infectés, hormis leur nature similaire, n'ont pas grand-chose en commun, ce qui veut dire que leur aide pour en capturer, si toute fois on pouvait la demander un jour, serait assez inutile, hormis que les Muchas semblait les laisser tranquille, ce qui était une bonne nouvelle d'une certaine manière… et une mauvaise par la même occasion. Elle risquait de devoir s'en remettre aux infectés pour étudier de tels spécimens. Ce qui posait deux problèmes. 1. Faire confiance mutuellement les uns aux autres, ce qui visiblement était assez difficile si on en jugeait pas la situation actuelle. Et 2. Convaincre les hautes huiles de la mission de permettre une mission avec des infectés. C'est-à-dire, Kaleb et le Sénateur Bennett. L'un ne leur faisait pas confiance et l'autre préférait ne pas trop parler du sujet, ça promettait de belles discutions en vue. Thalia nota sur son carnet tout ce que Jade lui raconta avant de continuer, en commençant par répondre sur la confiance entre elles deux, histoire de rompre un peu plus la glace.

"J'ai confiance en toi pour ne pas m'attaquer. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier à cause de certain individu d'une société. Certains ont peur de vous, d'autres non, certains vous prennent pour des aberrations de la nature mais pas tous. C'est un procédé qui marche dans les deux sens. Certains infectés attaquent les militaires et autres civils avec leur dard sans réelle raison, d'autre, comme toi si je ne me trompe, ne le ferrait pas. Le fait d'avoir aidé l'une des nôtres la bien démontrer. Je ne crois pas que la mutation dont vous avez fait l'objet vous rende mauvais au point de devenir des bêtes par rapport à ce que vous étiez avant. Elle joue un rôle sur votre système nerveux, c'est sûr, mais pas au point de complètement changer de visage. Donc, en venant totalement désarmée, sans mauvaise intention, il n'y a aucune raison pour que tu veuilles m'attaquer. Alors j'ai confiance en toi."

Elle termina sa phrase avec un petit sourire visant à mettre un peu de confiance dans la relation. Ce qu'elle avait dit était sincère, elle ne pensait pas que Jade, ou les autres infectés, était des monstres qui ne pensait à qu'à changer les humains non infectés. C'était peut-être aussi une volonté, un espoir que de pouvoir penser qu'il restait un soupçon d'humanité en eux et que tout n'était pas perdu. Thalia jeta un rapide coup d'œil au statistique, rien ne changeait, aucune trouvaille importante. C'était bien ce qu'elle craignait, ne pas avoir de solution du premier coup. Les résultats n'étaient pas fini, certes, mais elle aurait été soulagée de trouvé ne serait-ce qu'une petite réaction. Elle retourna à son bloc-notes en un éclair avant de continuer la discussion.

"Je pense que les approcher pour leur enlever leur dard sera assez difficile. Et même si j'en connais des assez fous pour se lancer dans une aventure pareil, elle ne serait très certainement pas approuvée. Merci de ta réponse en tout cas, on essayera de trouver une solution, quitte à inventer une combinaison qui résiste à leur piqure. Sinon, j'aimerais que tu me parles un peu des spécificités des infectés. On a pu déjà observer que vous résistez plutôt bien aux balles et que vous avez une endurance qui dépasse les limites humaines. Je me suis toujours demander si c'était du à votre mutation ou si il y avait d'autres éléments qui permettait ces exploits."

C’est qu’elle était vraiment intrigante cette humaine. Elle demandait aux gardes de partir, ça j’appréciais vraiment, je n’approuvais pas vraiment la façon dont ils me traitaient, sans oublier bien sûre que je n’étais rien de lus qu’une prisonnière. Toutefois leur façon de toujours se sentir obliger de procéder avec la procédure habituelle commençait doucement à me courir sur le haricot. Qu’ils n’essayent pas de me faire croire que c’était normal de continuer toujours et encore de me faire mettre à genoux puis allongée sur le sol pour me mettre les menottes, ils savaient très bien que si je le voulais même allongée les mains dans le dos je pourrais m’en sortir. Et puis chose que je n’avais pas dis à Thalia, d’ailleurs pourquoi le ferais-je finalement ? Je n’appréciais guère la façon dont certaines fois en me menottant certains se sentaient obligés de me fouiller comme si j’allais avoir une arme ou même besoin d’une arme ! J’avais mon dard en permanence sur moi, alors à quoi me servirait bien de me donner du mal à fabriquer une arme ? Bien sûr que mon dard en première instance servait à la transformation des humains mais planté dans le coeur d’un humain ou au beau milieu de son crâne, vous pensez sérieusement qu’il y survivrait ? Enfin bref, rien qu’en faisant sortir les gardes, Thalia avait gagné quelques points dans mon estime, c’était une chose dont elle pouvait être plutôt fière, ce n’était pas évident même si Aisling aussi y était parvenue mais elle c’était simplement parce qu’elle me rappelait moi quand j’avais son âge, la même demoiselle au tempérament de feu et au sourire inaltérable.

Pour la suite des évènements, j’étais entre les mains de la doctoresse et j’étais là avec de bonnes intentions, du moins j’étais là de bon coeur avec l’envie de l’aider et de faire avancer un rien la recherche d’un sérum. J’avais posé des bases, limite de confiance, façon pour elle de grappiller quelques points qui pourraient un jour devenir importants, qui sait de quoi l’avenir est fais ? Je ne m’attends pas à ce qu’elle me demande des choses humiliantes ou abusivement douloureuses, bien sûr une petite partie de moi ne peut pas s’empêcher de l’imaginer mais cette femme m’est pour l’instant très sympathique alors je ne vois aucune raison de paniquer. Pire que ça je suis finalement plutôt détendue si l’on considère la situation chaotique dans laquelle je me retrouve en ce moment. L’examen de la peau prélevée, elle l’avait fais exactement comme je lui avais demandée, en me laissant savoir ce qu’elle allait faire et contrairement à ce qu’on aurait pu croire, je n’avais presque pas souffert sous la lame du scalpel. Elle aurait pu y aller comme une brute en se disant que de toutes façons je n’avais pas mon mot à dire mais non, elle avait fais ça de façon...pas agréable mais pas excessivement désagréable. C’est qu’elle était plutôt en bonne voie pour m’amadouer ! Bon, nous n’étions pas encore au moment où nous allions nous enlacer comme des soeurs parce que j’imagine que mon dard et la possibilité que je l’infecte sont encore bien trop présents dans son esprit mais quand même, elle s’en tire bien, j’avais imaginé bien pire !

C’était même de bon coeur que je me prête au jeu de ces questions, je n’ai rien à gagner à mentir, pas plus à dire la vérité diront sûrement les langues de vipère, mais je réponds avec sincérité et je dois avouer que de la voir ainsi intéressée et captivée, cela me fait très étrange. Il était rare qu’on me donne ce sentiment que mes paroles valaient de l’or et là j’avais l’impression de voir une conquistador devant un maïa qui lui dirait où se trouve Eldorado. C’est à la fois agréable et perturbant ou plutôt déstabilisant, je reste surprise mais j’adore ça. Elle aura sûrement remarqué que j’avais parfois de furtifs coups d’oeil vers la porte, je redoutais la réaction des gardes au moment où ils entreraient et me verraient sans les menottes, je parais à la pire éventualité, prête déjà lever bien haut mes mains si ils entraient. Pourtant lorsqu’elle prit la parole sur ce sujet sensible de la confiance, mon attention fut toute à elle, et je dois l’avouer ce que j’entends me laisse totalement sans réaction, j’avais entendu beaucoup de choses dans ma vie, des discours réfléchis par des sénateurs et des supérieurs qui mettaient des heures à les écrire, mais ce qu’elle venait de me dire me désarmait totalement. Une telle confiance en moi...personne n’avait jamais eu confiance ainsi en moi pas surtout quand j’étais dans une position finalement avantageuse, alors de l’entendre me dire ça et avec les mots qu’elle avait choisis. Je la regarde dans les yeux, j’avais eu une brève formation sur les signaux du mensonge à la CIA et soit elle était la menteuse la plus géniale de tous les temps soit elle disait la vérité, la deuxième option me séduisait totalement et c’est bredouillante que je lui répondis :

- Et ben...euh...merci.

Je rosis légèrement, me sentant un rien idiote, beaucoup avaient essayé de me faire taire ou de me mettre mal à l’aise et peu avait réussis, en fait ça devait être une des premières fois. Reprenant un peu consistance, je finis par lui répondre :

- De toutes façons, il est des humains qui craignent et redoutent la mutation tant qu’ils ne seront à l’aise qu’une fois un remède trouvé. Et tu as raison, certains infectés veulent redevenir humains, tu as totalement raison quand tu dis qu’il va falloir que nous travaillons ensemble pour un résultat positif...Tu sais, jamais encore je n’avais été... touchée comme tu viens de réussir à me toucher, tellement de confiance en si peu de temps et dans une situation dangereuse pour toi en prime...Je crois que t’as gagné le gros lot, il n’y a pas grand chose comme examen que je ne te laisserais plus faire là.

Je lui souris, parfaitement sérieuse et d’un sourire chaleureux, vraiment amical. Je tends ma main vers elle :

- Collaboratrices ?

La proposition est sincère, de toutes façons pour moi ça sera sûrement bon gré, mal gré alors ça ne lui change rien...Quoi que je commence à douter qu’elle puisse aimer qu’on me fasse du mal et ça, sentir un soutien sur ce vaisseau, ça fait du bien. J’écoute ce qu’elle dit et prend le temps de répondre en réfléchissant à ce dont je connaissais :

- Notre peau est résistante en effet, un peu comme le kevlar des gilets pare-balles mais ça n’empêche pas de ressentir la douleur, c’est douloureux et désagréable mais c’est aussi une résistance aux variations de température, chaudes comme froides. Il y a notre endurance mais aussi notre vitesse qui sont augmentées et notre agilité, du poins pour ce qui est des sauts, ils peuvent être plutôt impressionnants. Et il y a notre respiration. Tu peux me croire où pas mais depuis mon infection, je n’ai plus utilisé mes voies respiratoires, du moins pas depuis que je me suis rendue compte qu’inhaler m’était inutile. Je crois que mes poumons ne travaillent plus, je respire par la peau.

Thalia restait assise sur son tabouret, passant ses yeux des notes, aux tests en passant par Jade. Elle la gardait toujours dans le coin de l'œil, pas pour la surveiller, étant prête à réagir au moindre mouvement suspect de son interlocutrice pour déclencher une alarme ou appeler les gardes. Non, elle gardait toujours un œil sur elle simplement par politesse de ne pas avoir l'air de s'occuper d'autre chose que d'elle. Elle s'occupait d'autre chose, bien évidement, elle était là pour ça. Mais rien dans aucun règlement ne demandait de traiter une prisonnière subissant des tests comme une souris de laboratoire. Note que dans le cas de Thalia… une souris de laboratoire aurait aussi de la considération pour elle. C'était ça d'être passionnée, elle ne ferrait jamais de mal à un être vivant sur lequel elle fait des "expériences". C'était dans sa nature d'aimer tout ce qui était vivant, c'était aussi dans sa nature d'être naïve et de penser que tout ce qui était vivant l'aimait aussi. C'est vrai que même en connaissant le danger d'un Grizzours, elle irait à sa rencontre pour l'étudier, sans se soucier de ses énormes pattes pleines de griffes qui vous coupe un homme en deux juste pour rigoler.

Thalia écouta les paroles de Jade sur la confiance. Comme quoi elle avait été touchée par ses paroles, sincère qui plus est. La glace commencerait-elle à fondre ? Bien, c'était aussi en partie pour ça qu'elle avait renvoyé les gardes de l'autre côté de la porte. Comment voulez-vous efficacement instauré une confiance si la personne en face sait pertinemment que deux armes se trouvaient à portée de tir et que les personnes responsables de ses engins allaient s'en servir sans sommation au moindre mouvement suspect ? Aucune chance dirons-nous. Là, elles se retrouvaient, seules, sans arme apparente, sans arme tout court pour Thalia qui, bien que fille de militaire n'aimait pas les armes à feu, ni tout autre arme, elle était pacifiste la petite Ellis. Être à la merci de Jade était un risque assez conséquent, il faut l'avouer, mais elle était près à le prendre si c'était pour prouver sa bonne foi et ça fonctionnait plutôt bien vu la réponse de Jade, ce qui lui arracha un petit sourire une fois de plus. On allait finir par croire que Thalia aimait bien sourire… et ce n'était pas totalement faux quand on y pense. Comme simple réponse, elle se contenta de hausser les épaules.

"Tu as été humaine avant d'être infectée et je pensait bien qu'il restait une part d'humanité en toi. Tu m'en as donné la preuve en ne m'attaquant pas et je te l'ai sans doute donné en n'appelant pas les gardes une fois que tu t'es libérée. Tu l'as dit toi-même, nous devons collaborer pour arriver à un résultat positif. Je me dis juste que, si en plus de trouver un remède, on arrive à créer une nouvelle base d'amitié entre les infectés et les humains, ce serait aussi un résultat plus que positif."

Jade tendit alors sa main, proposant de devenir partenaire. Partenaire, voilà un terme qu'elle ne pensait pas vraiment entendre en arrivant dans cette pièce ce matin. Elle regarda la main tendue vers elle un moment, non pas qu'elle hésitait à la serrer, elle allait le faire, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce dard qui pouvait sortir à tout moment de la main de l'avant-bras de l'infectée. Ca restait un risque à courir, il suffirait d'une fraction de seconde pour que Thalia soit piquée dans le bras et donc, commencer le processus de transformation. L'idée ne lui plaisait toujours pas, mais d'un autre côté, elle savait… enfin, espérait du moins, que son discours avait eu pour impact que l'attaque n'était pas la meilleure solution, ni pour les humains, ni pour les infectés. Elle finit par empoigner la main de Jade, accompagnée par un autre sourire, cette fois-ci plein de bonne volonté et montrant que la confiance était enfin bel et bien là. Elle réplica aussi avec un "collaboratrice" pour bien indiqué, comme le voulait la coutume, qu'elle était d'accord.

Jade continua à parler de la condition d'Infectée et des particularités que cela entrainait. Thalia comprenait mieux la position de la jeune femme, les facultés pouvaient monter à la tête facilement pour toute personne rêvant de devenir plus athlétique. La forme, l'endurance, les capacités, tout était boosté au maximum, pas étonnant qu'elle veuille rester comme ça, s'il n'y a aucune aggravation avec le temps. Ils étaient presque devenus des humains mais… en mieux, une évolution dans la race, bien que non naturelle. Il fallait juste faire attention que l'ivresse du pouvoir ne monte pas trop à la tête, sans quoi, on risquait vite de perdre la tête. Thalia voulu répondre quand elle fut stoppée par une petite alarme. Elle regarda son PRI pour voir qu'un résultat avait été trouvé sur les tests. Elle se releva, oubliant Jade, étant trop excitée par la découverte. Elle n'oubliait pas Jade pour autant mais elle était comme ça, dès qu'elle savait qu'une découverte était faites, elle oubliait tout ce qui avait autour, même si c'était extrêmement important.

Elle se dirigea vers l'interface d'ARI qui était quand même plus manipulable que le PRI. Elle regarda attentivement les résultats sans dire un mot, tout en étant concentrée sur les données. Bon, soyons honnête, elle ne comprenait pas tout, mais les cellules semblait réagir avec l'une des combinaisons de solutions préenregistrées. Elle observa la composition de la dite solution avant de se rappeler de Jade, surtout parce que elle allait avoir besoin d'elle. Elle se retourna, confuse, à la limite de rougir de sa bêtise de l'avoir laissé en plan. Elle commença par bredouiller quelques mots avant de se reprendre.

"Je suis… désolée. J'ai tendance à un peu oublier le monde qui m'entoure quand j'ai un résultat positif qui s'affiche… Il semblerait qu'une réaction aie été trouvée, mais j'ignore en de quoi il s'agit exactement. Il me faudrait un autre échantillon, de sang cette fois-ci, si ça ne te dérange pas…"

Elle pris une seringue sur le bureau. Ce n'était pas un médecin mais elle savait faire une prise de sang, pour l'avoir déjà fait sur des animaux. Bon, un être humain, ça ne devait pas être trop complexe non plus.

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